Ancienne intérieure de haut niveau devenue coach, Élodie de Fautereau a transmis à ses trois enfants – dont Victor, numéro 1 de la draft NBA 2023 – un héritage sportif hors norme. Son parcours éclaire à la fois l’ascension du basket féminin français dans les années 1990 et l’importance du cadre familial dans la formation des champions d’aujourd’hui.
Biographie et origines d’Élodie de Fautereau
Née le 12 août 1971 à Le Chesnay, Élodie grandit dans une lignée de basketteurs : son père Michel et sa mère Marie-Christine ont chacun évolué en Nationale 1 dans les années 1970. Très tôt, les soirées familiales se partagent entre discussions tactiques et parties improvisées dans le jardin ; à quatorze ans, la future joueuse mesure déjà près d’1,80 m et enchaîne cours et entraînements au club local.
À la maison, la polyvalence est reine : l’hiver on court les cross, l’été on joue en trois-contre-trois. Cette culture physique explique la rencontre, en 2003, avec Félix Wembanyama, ancien sauteur en longueur congolais naturalisé français. Leur union en 2009 scelle un ADN sportif mêlant explosivité athlétique et lecture collective du jeu – un héritage auquel les enfants puiseront plus tard.
Carrière de joueuse de basket
Formée au Chesnay puis au Stade Français Versailles, Élodie fait ses débuts seniors en Nationale 2 en 1988. Sa mobilité d’ailière-forte et sa capacité à remonter la balle favorisent la montée du club en Nationale 1 Féminine à la fin des années 1990, avant la création de la LFB. Les entraîneurs soulignent déjà « une intérieure capable de penser le jeu ».
Repérée par le club belge Mosa Jambes, elle découvre l’Europe lors de la Ronchetti Cup 1999 : 10,2 points, 4,7 rebonds et 51 % de réussite en six matchs, avec un pic à 16 points contre le Spartak Moscou. Pour une Française issue d’un club amateur, ces chiffres témoignent de la percée – encore rare – du basket féminin hexagonal sur la scène continentale.
Transition vers le coaching
Une fracture de fatigue au tibia droit accélère sa reconversion en 2003. Diplômée du BE1, Élodie prend la tête de l’école de mini-basket de l’Entente Le Chesnay-Versailles 78. Sa méthode privilégie l’autonomie : ateliers en effectifs réduits, questions-réponses, jeux de rôle où l’on apprend à « lire » avant d’exécuter. « Je corrige l’intention, pas le geste », répète-t-elle aux parents.
Au-delà du club, elle intervient sur les camps de pré-saison de l’ASVEL féminin et anime des stages départementaux dans les Yvelines, où son module « Confiance-Persévérance » sert désormais de référence pour les U11. Plusieurs espoirs – dont la meneuse Maïssane K. et, plus tard, sa fille Ève – identifient ces séances comme des déclencheurs de carrière.
Vie familiale et transmission
À Versailles, le salon se transforme en terrain de un-contre-un chaque fois qu’un enfant réclame une série d’adresses. Élodie fixe une règle : « On commence par les fondamentaux, puis on invente. » Victor confiera qu’elle revoyait chacun de ses matchs non pour juger, mais pour discuter d’angles de passe et de rythme de course – équilibre subtil entre exigence technique et soutien affectif.
- Ève (1999) : ailière, championne d’Europe U16 en 2017 puis cadre de Monaco BA.
- Victor (2004) : n°1 de la draft NBA 2023, vice-champion olympique 2024 avec 26 points en finale.
- Oscar (2007) : pivot de l’équipe de France U18, passé par le handball avant de revenir au basket.
Tous attribuent leurs premiers réflexes à ces concours d’adresse dominicaux menés par leur mère.
Héritage et impact sur le basket français
Première joueuse formée hors pôle fédéral à atteindre la Nationale 1 dans les années 1990, Élodie demeure un symbole pour les basketteuses issues de clubs périphériques. Lors du Gala Play International 2023 à Roland-Garros, elle plaide pour « une médiatisation qui raconte le parcours des athlètes avant d’en compter les likes », rappelant que la visibilité est la clé de l’égalité.
Sa démarche éducative rayonne au-delà de sa famille. Depuis 2020, les stages départementaux des Yvelines intègrent ses ateliers basés sur la lecture-réaction : plus de 600 jeunes ont déjà pratiqué ces exercices ludiques centrés sur la prise de décision et le respect de l’adversaire.
Vie personnelle et engagements d’Élodie de Fautereau
Titulaire d’un Diplôme d’État de psychomotricité obtenu au début des années 2000, Élodie utilise ces compétences pour accompagner les très grands gabarits, attentive à l’équilibre entre croissance et coordination.
Sa fidélité à Play International la voit parrainer des programmes d’insertion par le sport pour collégiens en décrochage scolaire. Elle y défend l’idée que « le mouvement est un langage réparateur », conviction nourrie par deux décennies d’observation de jeunes publics.
Passionnée d’art et de mode, elle apparaît régulièrement aux premiers rangs de Paris Fashion Week – notamment en 2024 aux côtés de Victor – illustrant la porosité nouvelle entre culture et performance sportive.
Anecdotes et moments marquants
Le 10 août 2024, après la finale olympique France-États-Unis (défaite 87-98), les caméras captent l’accolade entre Victor, en larmes, et sa mère dans les tribunes de Bercy. L’image devient virale, symbole de la transmission intergénérationnelle du basket français.
Quelques semaines plus tard, on la retrouve au premier rang du défilé Louis Vuitton, preuve que l’influence familiale dépasse le terrain pour embrasser la culture populaire.
Le 21 janvier 2025, elle assiste à l’inauguration par Victor de deux terrains extérieurs à Le Chesnay, conçus par le joueur pour les enfants du quartier : un clin d’œil à ses propres débuts sur le bitume familial.
Élodie de Fautereau n’a jamais cherché la lumière, mais son empreinte irrigue gymnases, salles de classe et désormais parquets NBA : un héritage fondé sur l’autonomie, la confiance et la persévérance, trois valeurs qui, à travers ses enfants et ses élèves, continueront de marquer le basket français pour longtemps.